Blog de Rawa-Marie Pichetto
Écriture spontanée, sans fioritures...

Ce blog est un récit.
Le récit de "personnages en quête d'auteur", comme dirait Pirandello...
Il s'agit de passer l'énergie sous forme de mots et d'images avec toute la difficile alchimie du Verbe et de ses diverses articulations.
Alchimie que l'on trouve au théâtre.
Les planches m'ont appris ce mystère incroyable que l'on trouve dans les mots. Ces mots qui nous touchent, nous caressent, nous procurent du plaisir. Les mots qui parviennent à notre peau, sensuellement parfois. Et nous n'en sortons pas indemnes.
J'emprunte à tout ce monde de la scène - théâtre, cirque, danse, théâtre dansé, ... - sa magie, afin qu'il en tombe par-ci et par-là...


En contrepartie du "chapeau" de ce blog (la citation de Paul Valéry), je pense à ce poème de Charles Baudelaire dans les Fleurs du Mal :

'Correspondances'
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

mercredi 19 avril 2017

Table, bureaux, papiers

Le cadre :
- des DVD : "La Télévision - Pierre Bourdieu", "Jean-Marie Gustave Le Clezio, entre les mondes"  , un DVD documentaire sur Claude Levis-Strauss et quelques DVD sur le théâtre et la danse...
- mon ordinateur : deux navigateurs ouverts et plusieurs onglets d'émissions de France culture, articles scientifiques et politiques et surtout actuellement : des vidéos sur Abd el-Halim Hafez, le chanteur égyptien que j'écoutais chez ma mère qui l'aime beaucoup... Entre les mélodies dansantes de l'accent du parler égyptien, et mes diverses pérégrinations intellectuelles, je me trouve "répandue", éparpillée sur plusieurs lits culturels qui forment mon univers hétéroclite, éclectique où il est parfois difficile de trouver un fil commun que seule, ma connaissance intime de chaque chose et univers que j'aime me permet de tisser...

Mais ce tableau me paraît toujours insolite, tableau composé sur une table de salon ordinaire à côté de mon bureau "officiel", et où il me plaît de déménager, le soir, mon ordi pour regarder mes vidéos et/ou lire...

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Je nourris un attachement particulier aux bureaux, ces meubles qui constituent un microcosmos, une miniature de nous-mêmes, de ce que nous aimons, nos objets qu'on pense être les plus précieux, et surtout nos papiers et leur relation intime aux tiroirs...
On glisse, on glisse dans ces tiroirs des calepins, des bouts de papiers, d'anciens agendas. On pense les mettre dans des endroits préservés, sûrs. Et nous pensons être sûrs de ne plus rien oublier! Puisque ... tout est bien gardé.

Mais...
Les années passent parfois à notre insu, et ce n'est pas une phrase banale saturée de son sens.
Si, les années passent à notre insu. On les vit mais elles nous traversent comme un train et nous voyons défiler les paysages de notre présent. On ne fait que courir après. Le temps n'est plus posé. Il est consommé rapidement.
Ce mouvement rapide est délétère pour la mémoire.

Nous nous rendons compte que les petites choses précieuses qu'on avait cachées et/ou glissées dans des endroits dits "sûrs" ne sont pas si protégées que cela. Elles ont subi l'érosion.
Nous n'avons plus les repères spatio-temporels qui nous permettaient de revoir nos affaires en toute tranquillité et de savoir que la mémoire n'est pas atteinte.
Nous nous rendons compte, en réouvrant un tas de tiroirs, de dossiers, d'enveloppes, de petites poches, etc., que des bribes de notre vie, conservées dans des bouts de papiers, sont devenues inertes... Nous voyons presque couler devant nous une partie de nous-mêmes dans des courants qui passent... Et qui se résument à ce "temps" où la mémoire s'est volatilisée un jour.

Nos vies sont dans des bouts de papiers inertes. Elles ont perdu de leur éclat, de ce moment où, lorsqu'on les ouvrait, on pouvait être happés par une sensation à la fois de joie et de tranquillité : "tout est là, je sais, mon passé n'est pas parti".
Ces pensées c'était avant la "mort". Celle qui pose un silence lourd, assourdissant.
Il est très dur de reprendre le fil.



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