Blog de Rawa-Marie Pichetto
Écriture spontanée, sans fioritures...

Ce blog est un récit.
Le récit de "personnages en quête d'auteur", comme dirait Pirandello...
Il s'agit de passer l'énergie sous forme de mots et d'images avec toute la difficile alchimie du Verbe et de ses diverses articulations.
Alchimie que l'on trouve au théâtre.
Les planches m'ont appris ce mystère incroyable que l'on trouve dans les mots. Ces mots qui nous touchent, nous caressent, nous procurent du plaisir. Les mots qui parviennent à notre peau, sensuellement parfois. Et nous n'en sortons pas indemnes.
J'emprunte à tout ce monde de la scène - théâtre, cirque, danse, théâtre dansé, ... - sa magie, afin qu'il en tombe par-ci et par-là...


En contrepartie du "chapeau" de ce blog (la citation de Paul Valéry), je pense à ce poème de Charles Baudelaire dans les Fleurs du Mal :

'Correspondances'
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

dimanche 6 novembre 2016

Pour la mémoire de Bernard Pichetto
 
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Cette Musique que tu aimais tant...

- 3 novembre 2016 -
Tu rentrais de tes réunions nocturnes vitre de la voiture ouverte sur des routes de campagne entre deux villages d'une région française habituée à un autre type de musique et une autre culture, et tu mettais Fairouz* à fond... toi le vieux charentais comme tu disais...
Tu ne comprenais pas pourquoi la musique orientale te parlait profondément! Tu allais jusqu'à élucubrer sur d'éventuelles origines "génétiques" communes entre toi et moi puisque tu avais des origines italiennes directes par ton père et que tu avais des envolées imaginaires dignes des "fous" de la science. 
Ton imagination était très fertile... trop parfois et tu créais à tout bout de champ.
Tu aimais presque inventer, ré-écrire les choses.... et Transmettre. 
Tu me disais des choses que je ne comprenais pas parfois... A 29 ans trempée dans les lettres et les rêves de mon avenir incertain..., je ne comprenais pas ta physique quantique et ta philosophie. Mais tu m'attirais comme un astre, moi qui suis les maîtres comme un disciple en quête de chemin.

Je lis le chemin comme un livre et il est fort et douloureux.

Qu'as-tu voulu dire par ta disparition!

Tu n'avais jamais eu peur de la mort. Tu me le disais souvent... 

*(Chanteuse libanaise très connue).


- 6 novembre 2016 -
A qui je vais écrire mes élucubrations ?
Par exemple une musique dénichée ici ou là et la partager avec toi ?
(Généralement tu m'envoyais des liens YouTube de musique que tu écoutais en fin de nuit. Des fois du classique et parfois ta musique de "ouf"! 
- D'ailleurs Sébastien ne comprenait pas comment tu écoutais ce type de "zique").
Tu étais plein de vie signore Pichetto! Plein d'humour. 
Par exemple, lors d'un courriel où je m'inquiétais de ta santé à propos d'un détail sur le plan de tes analyses, tu m'a répondu alors : « t'inquiète cacahuète » ☺
Tu avais ce genre de phrases drôles, légères, malgré la gravité... Des phrases qui laissent un sourire dans le cœur. Un sourire qui irradie jusqu'à maintenant.

J'écoute Lucas Debargue** Pittoto, que Sébastien m'a fait découvrir. Un jeune pianiste virtuose que tu aurais adoré. On t'a fait une copie de son premier disque cet été mais je ne sais pas si tu as eu le temps de découvrir ce garçon passionné et atypique. Je t'en parlerai plus tard, car ça mérite une page à lui seul !!
Vers fin avril, quelques semaines avant ton diagnostic, je t'écrivais inquiète de toi. Et à la fin de ton mail, tu m'as écrit ceci :
«  Et oui, je ne sais pas quand j'aurais le temps de discuter des heures... Tu apprendras à faire tourner les tables !!! ».
J'apprendrais à faire tourner les tables pour te « parler »... Moi l'athée, rationnelle... j'ai très envie de parler aux « esprits », pour te retrouver, mais pas que ! Pour te recréer, te ressusciter. Il est trop injuste que tu meures de cette mort brutale, cette maladie qui t'a miné et que tu as affrontée courageusement.
Tu avais tant à dire et à faire... Et je sens ce cœur qui bat encore en moi et qui parle de toi, pour toi, après tant d'années où je n'ai pu rien faire pour t'aider... 


** Lucas Debargue, interprète la sonate en La Majeur de Domenico Scarlatti sur France Musique (avril 2016)


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