"Les mots sont des planches jetées sur un abîme avec lesquels on traverse l'espace d'une pensée, et qui souffrent le passage et non point la station." Paul Valéry
Blog de Rawa-Marie Pichetto
Écriture spontanée, sans fioritures...
Ce blog est un récit.
Ce blog est un récit.
Le récit de "personnages en quête d'auteur", comme dirait Pirandello...
Il s'agit de passer l'énergie sous forme de mots et d'images avec toute la difficile alchimie du Verbe et de ses diverses articulations.
Alchimie que l'on trouve au théâtre.
Les planches m'ont appris ce mystère incroyable que l'on trouve dans les mots. Ces mots qui nous touchent, nous caressent, nous procurent du plaisir. Les mots qui parviennent à notre peau, sensuellement parfois. Et nous n'en sortons pas indemnes.
J'emprunte à tout ce monde de la scène - théâtre, cirque, danse, théâtre dansé, ... - sa magie, afin qu'il en tombe par-ci et par-là...
Il s'agit de passer l'énergie sous forme de mots et d'images avec toute la difficile alchimie du Verbe et de ses diverses articulations.
Alchimie que l'on trouve au théâtre.
Les planches m'ont appris ce mystère incroyable que l'on trouve dans les mots. Ces mots qui nous touchent, nous caressent, nous procurent du plaisir. Les mots qui parviennent à notre peau, sensuellement parfois. Et nous n'en sortons pas indemnes.
J'emprunte à tout ce monde de la scène - théâtre, cirque, danse, théâtre dansé, ... - sa magie, afin qu'il en tombe par-ci et par-là...
En contrepartie du "chapeau" de ce blog (la citation de Paul Valéry), je pense à ce poème de Charles Baudelaire dans les Fleurs du Mal :
'Correspondances'
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,
Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.
mercredi 17 octobre 2012
Réflexions autour du silence
J'étais en train de réfléchir au silence, au mutisme d'une partie des gens autour d'une guerre, d'une injustice...
L'impuissance rend silencieux. Certes.
Mais j'étais en train de réfléchir aussi à ceci :
la base de la publicité par exemple (désolée de l'exemple que je prends..) est de parler de la chose qu'on veut vendre... On en fait des tonnes pour un dentifrice par exemple !
Je ne comprends pas pourquoi on est capable de se mobiliser autour d'un dentifrice et non autour de la cause d'un peuple qui souffre d'injustice ? C'est plus facile le dentifrice... mais pas seulement : ça vend.
Un peuple qui souffre, on s'en fout.
Le silence tue.
Si vous rencontrez une personne qui souffre, n'hésitez pas, discrètement, à lui faire comprendre que vous sentez ce qu'elle vit. Le silence est la pire des choses qu'on peut rencontrer dans ces circonstances.
La notion d'une certaine forme de pudeur peut faire mal parfois...
Je dis cela car j'entends souvent autour de moi : "on ne te pose pas la question autour de tes parents car on a peur de te faire mal".
NON : ça ne fait pas mal ! NON : ça prouve qu'on pense aux autres. C'est tout.
RP
mardi 16 octobre 2012
La Crise de l'Esprit - Paul Valéry
Musée Paul Valéry à Sète
Nous
autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes
mortelles.
Nous
avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires
coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins; descendus
au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois,
leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs
grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques
et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs
critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite
de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à
travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses
navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne
pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient
pas notre affaire.
Élam,
Ninive, Babylone
étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait
aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais
France, Angleterre,
Russie... ce
seraient aussi de beaux noms. Lusitania
aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de
l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une
civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les circonstances
qui enverraient les œuvres de Keats et celles de Baudelaire
rejoindre les œuvres de Ménandre ne sont plus du tout inconcevables
: elles sont dans les journaux.
Ce
n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore. Il
n’a pas suffi à notre génération d’apprendre par sa propre
expérience comment les plus belles choses et les plus antiques, et
les plus formidables et les mieux ordonnées sont périssables par
accident; elle a
vu, dans l’ordre de la pensée, du sens commun, et du sentiment, se
produire des phénomènes extraordinaires, des réalisations brusques
de paradoxes, des déceptions brutales de l’évidence.
Je
n’en citerai qu’un exemple : les grandes vertus des peuples
allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a
créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail
consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et
l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables
desseins.
Tant
d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus. Il
a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d’hommes,
dissiper tant de biens, anéantir tant de villes en si peu de temps;
mais il a fallu non moins de qualités
morales. Savoir et
Devoir, vous êtes donc suspects?
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